Une soirée à la librairie Paulines mémorable

8 novembre 2013

Qui eut cru qu’autant de personnes s’intéressent aux femmes en prison!

Le CSJR et la librairie Paulines ont été agréablement surpris de découvrir que  près de 200 personnes se sont déplacées jeudi dernier, pour l’échange entre Danielle Chabot, aumônier à l’Établissement pénitencier de Joliette et Paul Doucet, acteur,  incarnant le rôle de  l’aumônier dans la série Unité 9. Une trentaine de personnes n’a malheureusement pas pu rentrer faute de place et nous en sommes désolés.

Alors voici quelques échos de cette soirée mémorable, animée par Raoul Lincourt.

Nous avons appris que la fiction n’est pas si éloignée de la réalité. Il faut dire que Danielle Trottier, la scénariste d’Unité 9, a fait beaucoup de recherches avant d’écrire la 1ère saison. Selon Danielle Chabot, l’aumônier de la prison de Joliette, les unités de Lietteville ressemblent à celles de Joliette, les caractères des « filles » se retrouvent également. Elle a insisté sur le travail d’équipe plus important au sein de l’Établissement à Joliette, que dans la série à la  télévision. Sécurité et programmes sont deux volets importants et complémentaires. Comme aumônier, elle se retrouve bien dans l’interprétation donnée par Paul Doucet, même si son travail se limite à l’intérieur des murs (elle n’intervient pas dans la communauté).

L’Établissement de Joliette est un pénitencier fédéral (peines de 2 ans et +). Il compte 95 résidentes (sur une capacité de 105). Danielle est la première femme à occuper un poste d’aumônier là-bas, celui-ci était traditionnellement tenu par un prêtre. Elle a reçu un mandat de l’évêque comme aumônier catholique. Ce fut d’ailleurs une surprise pour plusieurs personnes du public d’apprendre que des femmes pouvaient être aumôniers (il y en a 4 au Québec). Le travail principal de l’aumônier consiste à accompagner des personnes sur un plan humain et spirituel. Il cherche également à créer un sentiment d’appartenance à une communauté grâce à des rituels qui font sens pour les détenues.

L’expérience acquise par Danielle Chabot dans un CALACS (qui s’adresse aux victimes d’agressions sexuelles) l’aide dans cette fonction à l’intérieur des murs. En effet, beaucoup de femmes ont été elles-mêmes victimes. Si elle est là pour écouter leurs souffrances avec empathie et sans jugement, elle les invite également à la responsabilisation et à la réparation. Crever les abcès, ne pas laisser les secrets détruire les personnes… C’est essentiel! C’est d’ailleurs aussi sur quoi travaille Paul Doucet dans son rôle.

Danielle Chabot accompagne plusieurs femmes dans une démarche de justice réparatrice. L’an passé, elle a organisé avec le CSJR une série de Rencontres détenues-victimes (RDV). Ce fut une expérience profondément touchante pour les participants. C’est plus rare d’organiser des RDV en établissement pour femmes car la majorité des victimes qui contactent le CSJR ont été agressées par des hommes et non des femmes. Mais du côté des femmes détenues, la motivation est là, même si elles n’ont rien à y gagner car cette démarche n’est pas inscrite à leur dossier.

La soirée fut l’occasion de rappeler l’importance des bénévoles à l’intérieur des murs (dans un monde qui fonctionne beaucoup au mérite, un acte gratuit vient toucher le cœur), de sensibiliser aux difficultés liées à la réinsertion sociale et ainsi de rappeler à chacun(e) que son attitude et son engagement comme citoyen(ne) peut faire une différence dans la vie de ces femmes qui se retrouvent souvent isolées, laissées par leur chum et éloignées de leurs enfants.

Paul Doucet nous a confié qu’il avait conscience de toucher quelque chose de particulier avec la série car il y a beaucoup de retour des spectateurs. Grâce à la soirée, il dit avoir mieux compris l’impact social et humain de l’émission. « Merci, cela donne un sens à ce que je fais », a-t-il confié. « La série Unité 9 permet de diminuer les préjugés, et en ce sens fait œuvre de justice réparatrice » a souligné un aumônier à la fin de la rencontre.

La soirée s’est terminée par la lecture d’un témoignage d’une ex-détenuee sur l’importance pour elle de l’aumônier à l’intérieur des murs.

Le CSJR tient à remercier Danielle Chabot et Paul Doucet pour cette magnifique soirée, ainsi que la librairie Paulines pour son accueil et son partenariat. Merci à toutes les personnes qui se sont déplacées et qui s’impliquent dans ce milieu.

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