Foire aux questions

1) Qui participe aux Rencontres détenus-victimes (RDV) ?

Toutes les personnes qui subissent encore les conséquences d’un acte criminel passé peuvent participer à nos rencontres. Qu’elles soient victimes primaires ou secondaires; que ce soit des offenseurs ayant déjà purgé leur peine ou qu’ils la purgent dans la collectivité, qu’ils soient en libération conditionnelle ou incarcérés.

Certaines rencontres regroupent des victimes d’incestes. D’autres sont ouvertes à des victimes de tout autre crime (agression physique ou sexuelle, vol, fraude, accident de la route dû à une personne ayant des facultés affaiblies, etc…) et des offenseurs ayant commis des crimes semblables.

En plus des quatre offenseurs et des quatre victimes, deux animateurs et deux membres de la communauté sont présents aux rencontres. Tous interviennent de manière bénévole.

Le rôle des animateurs consistent essentiellement à encadrer les discussions et à s’assurer du bon déroulement des échanges, dans un climat de respect et de sécurité.

Quant aux membres de la communauté, ils sont témoins du processus qui se vit, mais ont toujours la possibilité d’apporter leur contribution comme citoyens sur les échanges entre les différentes parties. En effet, ils symbolisent la société qui a permis d’une part que le crime se produise, et qui d’autre part en subit également les conséquences.

2) En quoi consistent les RDV ?

Les RDV ne sont PAS des groupes de thérapies, aucune forme de conseils, de traitements ou diagnostics psychologiques n’est prodigué lors de ces rencontres.

Les RDV sont plutôt des expériences de partages et de témoignages de la part des victimes et des agresseurs. Les animateurs sont présents afin d’encadrer les échanges, de s’assurer qu’il y ait une structure et que chacune des personnes présente puissent s’exprimer librement, parler de son vécu et que le respect et l’écoute guident les échanges.

Les RDV consistent en une série de 6 à 7 rencontres hebdomadaires, d’une durée d’environ 3 heures chacune (et une rencontre d’évaluation et de suivi 3 mois plus tard). Chaque rencontre aborde un thème différent sur lequel les participants sont invités à échanger ou part du témoignage de l’un ou l’autre.

Il est également possible de participer à des « face-à-face » qui regroupent uniquement trois personnes et les animateurs : une personne qui a été victime, une autre qui a commis un crime apparenté et un membre de la communauté. Cette formule consiste en 3 rencontres hebdomadaires (et une rencontre d’évaluation et de suivi 3 mois plus tard).

Une activité à réaliser chez soi est proposée entre chaque rencontre. Celle-ci donne l’avantage aux participants de se préparer à la rencontre de la semaine suivante.

3) Quelles sont les conditions de participation à ces rencontres ?

En plus d’accepter de respecter l’anonymat des participants et la confidentialité du contenu des rencontres, les participants doivent s’inscrire volontairement et librement, avoir des motivations clairement identifiées et réalistes ainsi qu’un désir sincère de s’engager dans la série de rencontres.

Il est important que les participants puissent comprendre et verbaliser les conséquences du crime dans leur vie. Pour ce qui est des offenseurs, il est nécessaire qu’ils reconnaissent leur culpabilité, soient capables d’empathie et manifestent le désir de changer leurs comportements délictuels.

Il est aussi important que les participants aient un soutien extérieur (ami, parents, famille, groupe de soutien ou de fraternité genre AA, etc…) et si possible, un soutien thérapeutique idéalement préétabli, régulier et accessible tout au long des rencontres. Si ce n’est pas le cas, le CSJR peut proposer une manière d’en obtenir.

Il est important de noter que pour les rencontres se déroulant en établissement de détention, seuls les victimes et les représentants de la communauté ne disposant pas d’un casier judiciaire seront autorisés à entrer dans l’établissement.

4) Quel type de soutien le CSJR offre tout au long des rencontres ?

Tout au long du processus, les animateurs restent disponibles pour les participants entre les rencontres afin de leur apporter leur soutien en cas de besoin. Ils se réservent le droit de contacter les participants s’ils ont noté qu’un ou plusieurs d’entre eux, manifestai(en)t des difficultés et ils le(s) réfèrent alors à toute personne compétente.

5) Quels sont les dangers de participer aux RDV ?

Il est parfois avancé que la justice réparatrice risque de revictimiser la victime. L’expérience nous montre que cela n’est pas le cas. Il arrive en effet qu’en témoignant, des émotions telles que la colère remontent. Mais cette traversée, qui peut être vécue douloureusement, est en fait une libération.

Il est important de noter que le CSJR a mis sur pied une procédure de sélection rigoureuse. Les entrevues individuelles permettent de juger si la personne désirant participer aux RDV rencontre les conditions de participation; si elle possède les outils nécessaires pour faire face à ce genre de situation et si elle ne présente pas des conditions psychologiques pouvant lui nuire pendant et après les rencontres.

À la fin de chaque rencontre, les participants se rassemblent en sous-groupe afin d’effectuer un retour sur la séance et se libérer avant de quitter les lieux, de ce qu’ils n’ont pu ou voulu dire au cours de la rencontre. Les deux animateurs sont dûment formés, et l’un d’entre eux au moins a une expérience reconnue en relation d’aide ou psychothérapie.

6) Quels sont les motivations des participants et les bienfaits qu’ils disent ressentir à la fin des RDV ?

Les motivations des personnes ayant été victimes sont le plus souvent : s’exprimer et être écoutées/reconnues, comprendre, se libérer d’émotions destructrices, aider à la non-récidive, tourner la page.

Les personnes détenues, quant à elles, souhaitent comprendre, aider et réparer, prendre conscience, cheminer personnellement.

De 2005 à 2008, le Service correctionnel du Canada a effectué des études sur les RDV proposées par le CSJR (dont les résultats peuvent être communiqués sur demande). Voici en résumé quelques données de cette étude :

– Impact sur les personnes ayant été victimes (chiffres de 2007) : 93% des victimes ont noté une baisse des émotions négatives qui les habitaient (peur, colère, tristesse), 86% ont ressenti une diminution de la haine qu’elles avaient vis-à-vis de leur agresseur, 72% ont indiqué que les RDV les ont aidées à sortir de leur victimisation.

– Impact sur les personnes ayant commis un acte criminel (chiffres de 2008) : 88% ont mentionné que les RDV leur ont permis de comprendre les torts qu’ils ont causés, 83% ont considéré que les RDV les ont aidés à ne pas récidiver, 78% disent avoir mieux compris la victime.

Finalement, 94% des victimes et 100% des offenseurs conseilleraient les RDV à des personnes vivant une situation similaire à la leur.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter des témoignages de personnes ayant subi ou commis des actes criminels, ainsi que des membres de la communauté.

7) Est-ce que les offenseurs bénéficient d’un avantage quelconque du fait de leur participation, par exemple, une réduction de peine ou une libération conditionnelle précoce ?

Non. Il est primordial pour le CSJR que les offenseurs ne bénéficient d’aucun avantage du simple fait de leur participation aux RDV. Il ne s’agit pas d’un programme qui permet d’accélérer leur libération.

8) Est-ce que ce service est gratuit ?

Actuellement, ce service est offert gratuitement. Les coûts reliés à ce programme sont pris en charge par le CSJR. Tout don au CSJR est néanmoins le bienvenu. Celui-ci est déductible des impôts, le CSJR étant reconnu comme organisme de bienfaisance.

9) Où se déroulent les RDV ?

Les RDV, qui ont lieu dans la grande région de Montréal, se déroulent soit dans la communauté, soit en milieu carcéral. Des rencontres sont également possibles à Cowansville, Drummondville, Joliette, Sherbrooke, Granby, Ste Anne-des-plaines au Québec. À l’international, des expériences ont été réalisées en France sur la base de ce qui est proposé par le CSJR.

Lorsqu’elles se déroulent en communauté, les rencontres ont eu lieu au local du CSJR ou dans tout autre local permettant de garantir la confidentialité des échanges. Les offenseurs qui y participent purgent leur peine dans la communauté (maison de transition) ou sont allés au bout de leur sentence. Il y a également eu des rencontres à Repentigny avec les bénéficiaires de l’organisme Parents Unis.

Lorsqu’elles ont lieu en milieu carcéral, les offenseurs qui participent à ces rencontres sont alors les résidents de l’établissement dans lequel les RDV ont lieu. Depuis l’origine du CSJR, des RDV ont eu lieu aux endroits suivants: Établissement Archambault, Établissement Leclerc, Établissement Montée St-François, Centre fédéral de formation.

10) Y a-t-il une dimension confessionnelle aux RDV ?

Le CSJR n’est pas un organisme confessionnel, mais il reconnait la dimension holistique de la personne. Si des participants souhaitent mentionner l’importance de leur spiritualité ou de leur foi dans leur processus de guérison, ils sont accueillis avec respect. De leur côté, les animateurs adoptent une attitude neutre. Le pardon, entendu au sens religieux ou séculier, n’est pas en soi un objectif des RDV, mais il arrive que certains participants y voient une étape finale de leur processus de libération.

Dans certains établissements de détention, l’aumônier est la personne qui centralise les demandes provenant des personnes détenues, et il peut arriver qu’il participe comme observateur aux rencontres. Mais aucune préférence dans le choix des personnes n’est faite sur une base religieuse.

Vous avez encore des questions? Contactez-nous!

Centre de services de justice réparatrice | 7333 rue Saint Denis, Montréal Qc H2R2E5 | 514 933-3737 | csjr@csjr.org 

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