Réseau d’Artisans Communautaires

29 juillet 2013

Le CSJR a participé le 25 juillet à une rencontre du réseau des Artisans communautaires (RAC) à Montréal. 23 personnes de 11 organismes se sont retrouvées à l’initiative de l’Aumônerie communautaire de Montréal pour réfléchir à leur avenir dans le contexte de crise qui secoue le domaine de la réhabilitation sociale.

En juin dernier, 80 représentants des Aumôneries communautaires à travers le Canada se sont regroupés à Woolfville (Nouvelle-Écosse) pour la première fois. 7 représentants québécois y étaient présents. Une déclaration a été présentée indiquant les signes d’espoir, les défis et les luttes ainsi que les préoccupations partagées (texte ci-dessous).

La diminution du financement de la part du Service correctionnel du Canada et les priorités de ce dernier sont source de préoccupation et mettent plusieurs organismes, dont le CSJR, dans une situation précaire. Néanmoins la rencontre a permis de se rappeler notre vision commune à long-terme et notre désir d’agir de concert, avec solidarité et conviction.

Des pistes de travail ont été élaborées visant une plus grande visibilité et un financement plus diversifié. Si vous souhaitez participer à l’un ou l’autre des groupes de travail créé, vous pouvez prendre contact avec nous.

L’AUMÔNERIE COMMUNAUTAIRE AUJOURD’HUI

Déclaration présentée par Harry Nigh, Kris Knutson et Brian Mc Donough lors de la conférence sur les perspectives pour l’Aumônerie communautaire, tenue à l’Université Acadia à Wolfville, du 30 mai au 2 juin 2013.

DES SIGNES D’ESPOIR :

1) Soins de qualité. Nous sommes en mesure d’assurer une continuité des soins en raison des communications efficaces entre les aumôniers communautaires et les agents de libération conditionnelle en établissement, dans les maisons de transition et dans la communauté.

2) Des solutions créatrices et économiques. Il est reconnu que les aumôniers communautaires offrent des solutions créatrices et réalistes aux délinquants qui sont élargis ou qui sont de retour en société. Il est reconnu que ces solutions permettent d’économiser d’énormes sommes d’argent public qui devraient autrement être dépensées par le SCC et par les corps de police.

3) Des nouvelles initiatives. Nous constatons que l’intérêt et le soutien pour le mandat de réinsertion sociale continuent de croître chez de nombreux groupes religieux. Les jeunes qui font partie des églises évangéliques veulent que leurs congrégations participent à la justice sociale. Des nouveaux réseaux sont mis sur pied. (ex. la formation de « Connexions catholiques »).

NOS DÉFIS ET NOS LUTTES:

1) Le financement.  Nous nous sommes fiés sur le SCC pour notre financement et nous sommes maintenant obligés de trouver d’autres sources de financement. Dans certaines régions, des sources privées de financement ne désirent pas être identifiés aux délinquants. Selon un aumônier communautaire « je suis fatigué de courir après l’argent. » Il indique que cela modifie de façon importante son travail de pastoral et exige des habiletés que les aumôniers ne possèdent souvent pas.

2) Épuisement professionnel. Non seulement les aumôniers communautaires mais les bénévoles qui font partie de nos comités, ainsi que beaucoup de nos partenaires dans la communauté ont fait ce travail exigeant pendant de nombreuses années, souvent avec peu de soutien. Un grand nombre de personnes sont presqu’en épuisement professionnel.

3) Complexité. Les hommes et les femmes que nous servons ont des historiques de plus en plus difficiles : des problèmes de santé physique et mentale, la toxicomanie, l’aliénation culturelle (ex. les anciens délinquants autochtones, des nouveaux immigrants, etc.). Nous nous sentons parfois dépassés.

4) Aumôniers ou travailleurs sociaux ?  Alors que les agents de libération conditionnelle sont presque exclusivement occupés par la gestion du risque (et même l’élimination du risque), on demande aux aumôniers communautaires de faciliter la réinsertion sociale des délinquants et de donner du soutien pratique aux délinquants et à leurs familles. Est-ce que les aumôniers communautaires seront en mesure d’éviter de tomber dans un paradigme de l’élimination du risque en faisant appel à la police ?

5) Trop identifiés aux délinquants sexuels ?   Est-ce que le succès du programme CoSA a créé une perception au SCC qu’il s’agit là des principaux efforts des aumôneries ? Comment pouvons-nous assurer notre mandat de réinsertion sociale auprès des personnes qui ne sont pas des délinquants sexuels ?

6) Les difficultés des femmes. Les femmes qui quittent la prison sont souvent aux prises avec des défis spéciaux alors qu’elles tentent de réintégrer leurs familles et la société. Avons-nous vraiment cerné leurs besoins spéciaux ?  Quelles ressources pourraient correspondre le mieux à leurs besoins ? Comment est-ce que nous pouvons les aider à rompre leur isolement et leur aliénation ?

NOS PRÉOCCUPATIONS PARTAGÉES :

1)      L’insécurité face à l’avenir. Il existe beaucoup d’éléments inconnus concernant l’avenir à court et à long terme de l’aumônerie communautaire. Cela contribue à créer un climat d’incertitude et de suspicion en rapport avec le SCC.

2)      Perte des partenaires institutionnels de l’aumônerie. Avec le départ des aumôniers à temps partiel (et de certains à temps plein) qui étaient affectés aux établissements, les aumôniers communautaires perdent des partenaires importants ainsi que des sources clé des connaissances des besoins des femmes et des hommes qui font appel à nous.

3)      Qui participe ? Les exigences et les attentes au sujet des bénévoles qui font partie de nos conseils augmentent. Nous avons besoin de davantage d’habiletés (gestion des responsabilités, cueillette de fonds, recherches et commercialisation). Avons-nous un plan de développement alors que nous bâtissons l’avenir de l’aumônerie communautaire ? Pouvons-nous compter sur les bonnes personnes qui peuvent nous aider à surmonter les obstacles et à attendre nos objectifs ?

4)      Les réticences des églises. Certaines églises qui ont autrefois encouragé l’aumônerie communautaire sont maintenant réticentes à poursuivre le travail avec d’anciens détenus en raison de la crainte des responsabilités et en raison des craintes de certains membres de leurs congrégations.

5)      Transmettre notre legs. Alors que les jeunes se détournent des églises, où et comment allons-nous trouver la prochaine génération de bénévoles ainsi que l’appui financier nécessaire pour permettre à l’aumônerie communautaire de poursuivre son travail ?

6)      L’engagement de nos communautés. Comment est-ce que nous engageons nos communautés afin d’adopter et de participer à la mission et à la vision de l’aumônerie communautaire ?

7)      Qui sommes-nous ? Quelle est notre marque ? Mêmes nous, qui sommes rassemblés ici à Wolfville, auraient de la difficulté à trouver une réponse qui serait satisfaisante pour nous tous. Le langage de l’aumônerie communautaire évolue d’un dialogue religieux/institutionnel à un dialogue de développement communautaire et de soins spirituels.

8)      Où sommes-nous ? Où se situe l’aumônerie communautaire dans un paysage peuplé par des ONG, les trois niveaux de gouvernement et le secteur des affaires, afin que nous puissions avoir une voix efficace et pertinente ?

9)      Nous sommes coincés de partout. Le SCC semble interpréter son mandat afin de limiter sa participation à l’aumônerie institutionnelle aux dépens de l’aumônerie communautaire. Le SCC allègue le fait que les services dans la communauté relèvent des églises et que le coût ne doit pas être défrayé par lui. L’aumônerie communautaire se voit donc coincée une deuxième fois : certaines de nos églises partenaires veulent appuyer l’aumônerie institutionnelle mais hésitent d’accorder des ressources financières et humaines limitées à l’aumônerie communautaire. Nous sommes finalement coincés une troisième fois : dans certaines parties du pays le secteur privé, à qui nous devons faire appel de plus en plus souvent alors que le soutien financier du SCC et des églises s’épuise, est réticent à donner un soutien financier à des activités qui font partie des catégories religieuses telles « l’aumônerie. » Nous devons cependant insister sur le fait que nous participons à la réinsertion sociale axée sur la foi, et ceci afin de non seulement respecter nos origines, mais afin de nous distinguer des ONG bien établis et qui eux aussi, participent à la réinsertion sociale.

 

 

 

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