Justice pénale: de quelle logique parle-t-on?

29 juin 2015

À la demande d’Antennes de paix, Estelle Drouvin, coordonnatrice du CSJR, a rédigé un billet pour Auvidec Média pour ses Actualités+ du 25 juin 2015.

Justice pénale : de quelle logique parle-t-on?

AUSTÉRITÉ… Le mot est sur toutes les lèvres. Certains appellent à « se serrer la ceinture », « nous devons être solidaires », clament-ils. D’autres s’inquiètent des nombreuses coupures qui fragilisent le tissu social et la solidarité vis-à-vis des plus démuni(e)s. Tout le monde se veut solidaire, chacun(e) de son point de vue.

Les coupures touchent tous les milieux, celui de la justice pénale n’est pas en reste. Des programmes sont abolis, du personnel licencié autant dans les pénitenciers que dans les organismes communautaires, dont certains devront malheureusement envisager la fermeture malgré des années de succès reconnu (ARCAD, Cercles de soutien et de responsabilité, SHASE…). C’est toute la dimension de la réintégration sociocommunautaire qui est ébranlée, un des fleurons du Québec et du Canada sur la scène internationale.

Certains parlent de couper ce qui est attribué au système carcéral pour le donner aux personnes qui ont été victimes. Ce principe de vases communicants ne correspond pourtant pas à la réalité. Les organismes d’aide aux victimes sont eux aussi touchés par les coupures. Et nombreuses sont les personnes qui s’inquiètent des risques de récidive liés aux coupures en milieu carcéral.

Si on y regarde de plus près, il est difficile de trouver la logique économique derrière les décisions prises. Alors que le taux de criminalité diminue, le nombre de personnes incarcérées augmente… or un détenu dans un pénitencier coûte en moyenne 117 788 $ par an, alors que la recherche montre qu’une sentence plus courte et un suivi dans la communauté est une option moins coûteuse (35 101$) et plus efficace en termes de responsabilisation et réintégration sociale.

SÉCURITÉ … De quelle sécurité parle-t-on? Une sécurité de façade qui exclut « le méchant »? Ou une sécurité en profondeur qui recrée du lien sur une base de responsabilisation et de confiance? Une réflexion citoyenne importante nous attend en cette période pré-électorale : Quelle communauté souhaitons-nous construire ensemble?

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