Le CSJR a assisté à la conférence donnée à l’Institut Philippe-Pinel sur « la résilience : comment rebondir face aux aléas de la vie » le 13 mars. Celle-ci était donnée par Evelyne Marcil-Denault, psychologue. Un thème particulièrement intéressant qui nous invite à replonger dans les études de Boris Cylrulnik et à y découvrir des liens avec la justice réparatrice.
Le mot « résilience » est emprunté au domaine de la physique qui est la « capacité à résister aux chocs ». Il vise 3R : le rétablissement, le renouvellement de soi et la reprise de bonnes habitudes.
Voici 10 indicateurs d’une bonne santé mentale :
- Maîtriser ses émotions
- Être conscient(e) de sa faiblesse
- Trouver une satisfaction dans des plaisirs simples
- Avoir le goût d’amitiés durables
- Avoir le sentiment d’appartenir à une communauté
- Être responsable par rapport à l’environnement
- Accepter les responsabilités
- Développer ses talents
- Prendre des décisions personnelles
- Avoir le goût du travail bien fait
Dans notre vie, nous alternons entre des moments qui nous font passer :
Du stress | A la relaxation |
Du système sympathique | Au système parasympathique |
D’une décharge d’adrénaline et de cortisol | A une décharge d’endorphines et de dopamine |
De l’heure de l’horloge | A l’heure naturelle |
Le problème survient quand nous restons bloqué(e)s sur la pédale d’accélération ou de frein.
Boris Cyrulnik précise également que la mémoire traumatique est celle qui stagne, qui est prisonnière du passé, contrairement à la mémoire saine qui est évolutive.
Il relève trois facteurs empêchant la résilience :
- L’isolement
- Le non-sens ou l’incapacité à faire un récit du trauma
- La honte qui conduit à l’anti-socialisation
Or c’est justement sur ces trois points que la justice réparatrice peut être aidante. En proposant des rencontres détenus-victimes, les participant(e)s sont invité(e)s à sortir de l’isolement en allant à la rencontre de l’autre (qui éveille généralement de la peur), et à partager leur histoire souffrante au moment du trauma et aujourd’hui. Ce récit écouté et accueilli avec empathie a des effets notables : reprise de pouvoir sur sa vie (celle-ci reprend sens), diminution des sentiments destructeurs comme justement la honte. La résilience de la personne s’en trouve alors accrue.
Des études auprès de soldats montrent que ceux qui sont capables de mettre en mots ce qu’ils vivent souffrent moins du syndrome post-traumatique car ils redeviennent ainsi sujets de leur vie (et non plus objets, soumis à un contexte donné).
Boris Cyrulnik insiste aussi sur la fonction artistique qui permet de transformer l’horreur, la souffrance… pour en faire quelque chose (une œuvre d’art, un engagement dans un organisme). Une nouvelle représentation peut alors jaillir. C’est dans cet esprit que le CSJR vous invite à participer aux ateliers proposés dans le cadre de la Semaine de sensibilisation aux victimes d’actes criminels.
Recréer du lien…. Restaurer ensemble… Redonner du sens… Autant de « « R » qui riment avec Résilience et Réparation.
Estelle Drouvin
Découvrez les entretiens passionnants avec Boris Cyrulnik sur you tube:
- La résilience (3 min.) http://www.youtube.com/watch?v=oV3T55KmGE4
- La honte, le poison de l’âme (8 min) http://www.youtube.com/watch?v=6oVDBRQ3v74
- La mémoire traumatique (1h) http://www.youtube.com/watch?v=rd13inJYbQk