
Deux membres du CSJR ont récemment terminé la lecture du nouveau roman Même pas morte de Geneviève Rioux, porte-parole du CSJR. Tous deux ont été soufflés par l’écriture poignante, précise et profondément humaine de l’autrice. Ils ont beaucoup aimé ce roman et le recommandent vivement. Ils partagent ici leurs impressions sur cette lecture marquante.
*Les propos partagés sont ceux de leurs auteurs et non du CSJR.
L’avis de Raoul, animateur de rencontres de justice réparatrice
« Quel talent pour nous tenir en haleine dans le cadre d’une agression d’une rare violence suivie d’une enquête policière abondamment exploitée ! Elle nous en apprend tellement plus que ce que nous pensons savoir sur ces deux sujets.
Tout cela s’inscrit dans un contexte d’analyse fine et de réflexion approfondie sur les séquelles d’un choc post-traumatique. Tout au long du récit, elle décrit toute la gamme des émotions qui en découlent, comme une « saine » colère, le désarroi face à la découverte de l’identité de son agresseur – un proche –, ce qui la fait passer du doute à la terreur.
C’est une écriture d’un style direct, cru, qui s’atténue progressivement sans complètement disparaître au fil du déroulement de l’histoire. Une astuce d’écriture la sert bien : elle adresse fréquemment des réflexions et commentaires à son agresseur, inconnu dans un premier temps, puis soupçonné ensuite.
Une fois ces commentaires émis, on ne peut s’empêcher de se demander : comment a-t-elle pu écrire ce roman en sachant qu’il découle de sa propre expérience si traumatisante ?
Cela met en lumière une force exceptionnelle.
Je ne peux m’empêcher de penser que cette œuvre d’écriture a aussi pu contribuer à « exorciser » ses propres souffrances.
Je cite deux phrases qui, pour moi, cristallisent son ouverture de cœur dans ce sens :
« Le plus difficile n’est pas d’être courageuse, mais d’être vulnérable. »
« Je pense sincèrement que les gens qui font des choses horribles doivent obtenir une sentence pour leurs actes. Mais je crois que personne ne devrait être seul dans sa vie… »
Raoul Lincourt conseille ce roman autant pour son suspense que pour les apprentissages qu’il offre sur ce type d’agression, le fonctionnement de la police et du système judiciaire, sans oublier l’IVAC. La façon dont ces derniers points sont abordés aide à se réconcilier avec les bavures qui ont pu être entendues.
L’avis de Dominique, co-présidente du CSJR
Je viens de terminer Même pas morte. Ouf ! Quel récit ! Quel souffle dans l’écriture ! Que de trouvailles stylistiques ingénieuses, comme celle d’appeler son agresseur « Toé » avant de connaître son nom, celle de parler d’elle à la troisième personne, ou encore ces phrases simples, courtes, directes…
Les premières pages sont presque insoutenables (en tout cas pour mon petit cœur fragile qui se tient généralement loin des thrillers d’horreur). Lorsque l’on survit à ces premiers chapitres, ce qui m’a frappée tout au long du récit, c’est la dignité et l’humanité du personnage principal qui, à chaque instant, affiche autant sa vulnérabilité que sa force et sa soif de vivre dans la dignité. J’ai lu ces lignes comme un long « NON » à la mort, « NON » à la résignation.
Comment survivre à une telle agression ? Comment survivre à une telle trahison ? En partie par la parole et par l’écriture, comme ultimes armes de résistance, comme moyens de dire : « Non, tu n’auras pas ma peau, et c’est moi qui aurai le dernier mot. »
N’hésitez pas à vous procurer le roman de Geneviève Rioux, disponible dans toutes les librairies aux éditions Stanké. Pensez à acheter local et québécois en l’achetant directement sur le site de l’éditeur ou chez LesLibraires.ca.