Mea culpa et la justice réparatrice au Québec

3 février 2025

Au moment où nous écrivons ces lignes, les trois premiers épisodes de la série Mea culpa ont été diffusés sur ICI.TOU.TV, qui met en lumière la justice réparatrice au Québec. Profitons-en pour explorer ce qu’est la justice réparatrice, les différents types de rencontres possibles et les services offerts par le CSJR dans ce contexte. 

Justice réparatrice : une brève introduction 

La justice réparatrice contemporaine a vu le jour au Canada en 1974, en Ontario. Elle repose sur les principes définis notamment par Howard Zehr et vise à créer des espaces de dialogue entre les personnes ayant commis un acte criminel et celles qui en ont été victimes. 

Un des fondements de la justice réparatrice, bien mis en avant dans Mea culpa, est le caractère volontaire de la démarche. La série illustre avec justesse le respect du rythme et de la volonté de chacun : personne n’est contraint de participer à un processus de justice réparatrice et chacun le fait pour ses propres raisons. 

La justice réparatrice est un processus sérieux et rigoureux qui repose sur des décennies d’expérience et de pratiques éprouvées.  

Justice réparatrice : selon les témoignages reçus 

Selon la très grande majorité des personnes qui ont participé, ces rencontres, quel qu’en soit l’issue, procurent un certain apaisement. Ce processus permet à chacun de faire face à « l’autre ». Les participants ont l’unique occasion de leur dire ce qu’ils ont sur le coeur, d’être écouté par l’autre, de poser et de trouver réponse à des questions qui parfois n’ont jamais pu être posées. À travers ce dialogue, il devient possible de « boucler la boucle » et de se réapproprier son histoire, chacun en fonction de ses propres besoins. La participation à un processus de justice réparatrice permet de nommer et d’écrire le dénouement de sa propre histoire, d’y donner un sens et de reprendre le pouvoir sur sa vie.  

La justice réparatrice à l’écran : ce que montre Mea culpa 

Jusqu’à maintenant, dans les trois premiers épisodes de la série, différents scénarios de rencontres de justices réparatrice sont explorés : 

  • La possibilité pour une personne victime, devenue quadriplégique après avoir été jetée d’un pont, de rencontrer l’auteur de cette agression ; 
  • Un père pédophile ayant commis des abus sexuels qui rencontre sa fille ; 
  • Un ancien avocat souhaitant dialoguer avec une personne ayant été victime d’un crime, contre qui il avait plaidé lorsqu’il défendait un client ; 
  • La mère d’un auteur d’homicide souhaitant rencontrer son fils après sa sortie de prison. 

La démarche de justice réparatrice permet aux personnages de la série : 

  • De partager les conséquences du crime sur leurs vies ; 
  • De retrouver l’auteur dans un espace sécurisant, encadré par un tiers, plutôt que de le croiser de manière imprévue ; 
  • De verbaliser leurs émotions et de revisiter leur vécu depuis les événements. 

Ces scénarios illustrent des rencontres dites de justice réparatrice en crime direct, où la personne contrevenante rencontre sa ou ses victimes directes ou indirectes (par exemple, les proches d’une personne assassinée). Au Québec, ces services sont offerts par le réseau Équijustice et celui de l’ASSOJAQ. Quand il y a incarcération dans un pénitencier fédéral (peine de 2 ans et plus), c’est la Division de la justice réparatrice du Service correctionnel du Canada qui peut proposer une démarche de justice réparatrice. 

Et si une rencontre directe n’était pas possible ou souhaitée ? 

Quand une rencontre directe n’est pas envisageable ou désirée — en raison d’un décès, d’un éloignement géographique, d’un problème de santé mentale, d’un déni ou d’un non désir de rencontre directe  — une alternative existe : la rencontre de justice réparatrice en crime apparenté

Dans ce cas, les participants ne se connaissent pas, mais sont liés par un même type de crime. À la fin du troisième épisode, on apprend que David Fraser, un auteur d’homicide, incarné par Maxim Gaudette, semble avoir participé à une telle démarche avec un couple qui cherchait réparation après que leur fille fut assassinée. 

Ce type de rencontre, développé depuis plus de 20 ans par le CSJR,  peut se dérouler en groupe ou en face-à-face. La démarche spécifique du CSJR inclut la présence d’un membre de la communauté, qui représente la société. Ce membre, bien que non directement impliqué, est notamment présent pour témoigner de l’impact du crime sur la collectivité. Ce tiers peut aider par son écoute, sa présence et sa participation à la réparation. 

Est-ce que la justice réparatrice aide la personne contrevenante à réduire sa peine ?

Dans la série, on voit bien que la question de la remise de peine n’est pas du tout abordée puisque les personnes contrevenantes (comme le père pédophile ou David Fraser) ont déjà purgé leur peine et ont été libérées. Ce détail reflète un principe fondamental : la justice réparatrice ne vise pas à réduire les peines.  

Le processus proposé par le CSJR est complémentaire à la justice pénale. Les personnes contrevenantes qui y participent ont, soit été condamnées et sont en réhabilitation dans la société ou sont actuellement incarcérées dans un pénitencier fédéral. 

Les multiples impacts d’un crime 

Dans la série, il est intéressant de voir une large gamme d’émotions. Les personnes impliquées, directement ou indirectement par un crime, réagissent de manière unique, reflétant des perspectives variées sur un même évènement. Par conséquent, les besoins qui émergent de ces expériences sont tout aussi diversifiés. 

La série met aussi en lumière les conséquences qu’un crime peut avoir sur les personnes victimes (conséquences physiques et psychologiques, comme la peur, les dépendances, etc.) et sur les personnes contrevenantes (sévices en milieu carcéral, difficultés sur le marché du travail, difficulté à renouer des relations interpersonnelles, etc.). 

Un merci à l’équipe de Mea culpa 

Merci à toute l’équipe de la série Mea culpa, et son auteure Chantal Cadieux, de mettre en lumière la justice réparatrice au Québec. 

Contactez-nous pour toutes questions. 

Pour en savoir plus sur le processus de rencontre de justice réparatrice du CSJR, visitez cette page ou/et notre Foire aux questions

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