Justice réparatrice et le pouvoir réparateur de l’art
Le 22 mars dernier se tenait, au Centre d’histoire orale et de récits numérisés de l’Université Concordia, une rencontre autour du thème : « La justice réparatrice et le pouvoir réparateur de l’art ». Dans le cadre de cette rencontre animée par l’ethnomusicologiste Leila Qashu, Mathieu Lavigne a présenté le CSJR et son approche en justice réparatrice. Ensuite, Julie Ann, une personne ayant été victime et qui a fait un parcours de justice réparatrice avec le CSJR, a présenté et commenté, devant une trentaine de professeur.e.s et d’étudiant.e.s issus de divers horizons, une sélection d’oeuvres qu’elle a produites lors des ateliers d’art-thérapie mensuels tenus dans le cadre du partenariat entre le Musée des Beaux-arts de Montréal et le CSJR. Cette incursion dans le parcours de réparation d’une personne victime a beaucoup touché l’auditoire.
Sharon Gubbay Helfer a ensuite parlé de l’expérience qu’elle a vécue lors de la fin de semaine de guérison des mémoires organisées par le CSJR en octobre dernier. De son côté, le professeur Luis Sotelo Castro a présenté le projet présentement mené en collaboration avec le CSJR, soit la création et la présentation, prévue pour le 6 avril prochain, d’une pièce de théâtre conçue par ses étudiant.e.s à partir de témoignages livrés en classe par une personne ayant été victime et un offenseur. Cette rencontre fut également l’occasion d’entendre Lisa Ndejuru, qui a parlé de sa démarche théâtrale menée auprès, notamment, de la diaspora rwandaise (théâtre playback). Madame Ndejuru a soulevé une inspirante question lors de cette prise de parole, en évoquant les suites du génocide rwandais : « Malgré l’horreur, malgré les souffrances, ne pourrions-nous pas intégrer de la beauté dans nos rapports, dans nos relations ? » Elle a souligné toute la délicatesse nécessaire pour représenter sur scène des mémoires blessées. En terminant, une constante a traversé l’ensemble des témoignages et des présentations alors entendus : ce nécessaire refus de voir la violence nous définir.
Illustration: Oeuvre de Julie Ann