Le CSJR est heureux de vous partager des nouvelles d’une de ses co-fondatrices, installée en Côte d’Ivoire, Thérèse de Villette:
Des banderoles dans la prison ! Une célébration inédite.
Nous venons de vivre le 12 février 2014 un grand moment : la cérémonie de restitution de notre projet de justice réparatrice et assistance judiciaire . Cela se passait à l’intérieur de la grande prison d’Abidjan sous le haut patronage du Directeur des Affaires pénitentiaire et de son entourage, en présence de magistrats, et quelques autres personnalités représentant des ong de défense des droits de l’homme, mais surtout avec les 24 victimes, 24 détenus et 20 animateurs qui ont participé au projet .
Celui-ci débuta par un temps de formation pour les 20 animateurs d’abord qui réunis en un week-end fermé en octobre 2012 s’étaient familiarisé avec la justice réparatrice et ce qu’elle suppose notamment l’exercice du règlement de conflit, la communication pacifique etc… Ils ont pu ensuite transmettre l’enseignement aux détenus d’un côté et aux victimes de l’autre. Ces animateurs sont de jeunes juristes, psychologues, criminologues, assistants sociaux et éducateurs spécialisés.
Donc après une longue formation en huit modules donnée à 30 victimes d’une part et 100 détenus d’autre part nous avons recruté parmi les volontaires les candidats aux 6 RDV que nous avons animés. Comme au Québec les résultats sont probants quant au changement que permet la circulation de la parole et la reconnaissance mutuelle des personnes dans un climat de confidentialité . Très exceptionnellement les condamnés à 10 ou 20 ans étaient autorisés à sortir de leur bâtiment. Ils ont été très honorés, valorisés ainsi que les victimes. 3 détenus et 3 victimes ont donné un court témoignage après le rapport systématique que nous avons pu donner.
Un autre volet du projet était l’assistance judiciaire pour 54 prévenus accusés en flagrant délit et ne pouvant pas se payer un avocat .Trois animateurs recueillaient les informations nécessaires aux 5 avocats bénévoles qui les ont défendus . Résultat : certains furent relaxés , d’autres condamnés à de petites peines et aujourd’hui tous sont libres. Nous avions deux objectifs : faire droit aux démunis et désengorger un peu la prison surpeuplée en montrant l’intérêt de mettre en œuvre ce qui est prévu par la législation : l’assistance judiciaire. Tout cela fut célébré ensuite dans la joie d’un repas entre détenus victimes et quelques animateurs d’un côté et cocktail de l’autre pour les autorités et invités.
Vraiment merci encore au Québec et au CSJR où j’ai reçu et expérimenté la justice réparatrice. Je souhaite que cette petite expérience, une goutte d’eau dans la mer puisse se poursuivre et s’étendre aux prisons de l’intérieur du pays. Si nous trouvons encore de l’aide notre équipe est prête à poursuivre. Je salue tous les amis du CSJR.
Thérèse de Villette
15 février 2014
Découvrez le court reportage télévisuel de cette célébration.