Échos du café jasette #moiaussi

11 Décembre 2017

 

C’est à la Station Host dans le quartier Centre-Sud de Montréal qu’a eu lieu la deuxième édition des cafés-jasette du Centre de Services de Justice Réparatrice (CSJR).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Animée par Claire Messier et Fabien Torres, la soirée portait sur le mouvement #moiaussi. L’objectif était simple : dans une perspective de justice réparatrice, sortir ce mouvement des médias sociaux en offrant un espace de parole sécuritaire et loin de tout jugement pour toutes celles et ceux que le mouvement a touché, questionné, bousculé. Une quinzaine de personnes ont pris la parole, dont Aurélie Lanctôt, auteure et chroniqueuse au Devoir, et Marlihan Lopez, agente de liaison du RQCALACS et co-vice présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ).

La soirée a commencé avec Marlihan Lopez. Tout en soulignant comment le mouvement #moiaussi avait été positif pour tous les partages qu’il avait permis, elle a rappelé qu’il était centré principalement sur des témoignages « respectables », laissant de côté les expériences des femmes marginalisées, telles que les femmes autochtones. Avec émotion et intelligence, elle a ainsi souligné l’importance de penser les violences sexuelles dans un contexte d’intersectionnalité, de ne pas oublier les barrières systémiques qui font que certaines victimes n’ont pas le choix de garder le silence, n’ont pas la possibilité de témoigner, de dévoiler les gestes vécus. Ces femmes-là ne doivent pas être oubliées.

Plusieurs femmes ont ensuite souligné comment leur prise de parole a été, dans leur vie, synonyme de rupture. À la suite d’une agression, elles ont parlé, témoigné et tant la colère que la prise de parole semblent avoir été des causes de rupture d’amitié et de tensions familiales : comme si cette rupture du silence, comme si cette mise en lumière de la souffrance vécue faisaient peur aux gens. Ce que le mouvement #moiaussi a apporté à ces femmes, c’est également, voire surtout, un sentiment de justice, de reconnaissance de ce besoin de parole, de ce besoin d’être crues : l’espace public, qui s’étend désormais au monde virtuel, est redevenu, dans le cadre de ce mouvement, un lieu sécuritaire d’écoute. Dans les semaines qui ont suivi la déferlante #moiaussi, plusieurs ont témoigné avoir pu ainsi reprendre contact avec des gens de leur passé qui avaient eu de la difficulté à accepter leurs témoignages : ceux-ci ont enfin reconnu le crime, ainsi que le droit de parole. Ainsi, le mouvement #moiaussi, en agissant sur nous tel un électrochoc, a forcé l’écoute des pairs. La prise de conscience est passée d’individuelle à collective.

Au milieu de la soirée, Aurélie Lanctôt est intervenue en mentionnant qu’elle ne connaissait pas la justice réparatrice avant de participer à cette rencontre et a remercié l’assemblée pour son courage et sa générosité. Revenant sur les dénonciations qui ont amené des personnes célèbres à perdre leur position de pouvoir, et revenant sur la génèse de #moiaussi (citant entre autres l’affaire Ghomeshi et le mouvement #agressionsnondénoncées), la chroniqueuse du Devoir a mentionné l’importance de, maintenant, repenser nos milieux de vie et les rapports de pouvoir qui les structurent.

Avec cette ouverture sur les possibles de l’après #moiaussi, nous avons pu considérer ensemble comment réparer, reprendre le pouvoir, partager et faire fi de la peur.

Plusieurs hommes ont alors également pris la parole avec délicatesse, notamment pour réitérer leur soutien aux personnes présentes, mais aussi pour souligner l’importance de déboulonner certains modèles toxiques de masculinité, de définir une masculinité laissant place à l’intelligence émotionnelle, de souligner que de repenser la place des hommes dans la société est aussi libérateur pour eux. C’est là une démarche qui devra nécessairement passer par l’éducation de nos jeunes garçons.

Plusieurs personnes ont finalement pris la parole pour rappeler l’importance pour la communauté d’écouter, de tendre l’oreille, de devenir elle-même un espace sécuritaire, une alliée. Ce sont les animateurs qui ont eu le mot de la fin, et qui, en soulignant les éléments positifs qui découlaient du mouvement #moiaussi et de cette soirée portée par des prises de parole libres et puissantes, ont rappelé la nécessité de poursuivre collectivement la discussion.

Le comité organisateur souhaite poursuivre la tenue d’autres soirées comme celle-ci autour de thèmes pouvant répondre aux préoccupations de la communauté. Si un sujet en particulier vous interpelle, merci de nous en faire part en écrivant au CSJR.

Centre de services de justice réparatrice | 7333 rue Saint Denis, Montréal Qc H2R2E5 | 514 933-3737 | csjr@csjr.org 

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